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CHARLIE

Une vie de maltraitance puis jeté en fourrière à 10 ans et demi, aveugle.

L'histoire de Charlie est très triste...

Son premier maître est boucher. Il garde ce chien uniquement pour surveiller des moutons destinés à être égorgés. Il le bat régulièrement... Au bout de 6 ans, il le largue sans aucun état d'âme.

 

Le second propriétaire, sûrement une de ses charmantes connaissances... a pour habitude de le rouer de coups de pieds... pourquoi perdre les bonnes habitudes ? Un jour, il n'en veut plus, il le jette dans une fourrière de l'Orne en disant : « Vous n'avez qu'à le piquer ! ».

Ce pauvre chien se retrouve enchaîné dans une fourrière qui n'est autre que les anciens abattoirs de la ville donc pas du tout aménagée pour accueillir des chiens. Peu de jours après, je passe avec une amie, Lydie, et son fils, Thomas, pour prendre des photos des chiens de la fourrière afin de mettre des annonces pour essayer de leur trouver des familles. Je croise ce pauvre chien enchaîné, je m'attarde sur son cas... La femme de la fourrière me dit : « La semaine prochaine, il va y passer... » Elle me raconte vaguement l'histoire de Charlie et je me dis que c'est vraiment triste de quitter cette vie sans avoir jamais connu des moments de bonheur. Je lui dis que je vais voir ce que je peux faire, de ne surtout pas l'euthanasier, d'attendre que je trouve une solution.

Nous sommes le 7 décembre 2010, il fait froid. Nous repartons, nous évoquons ce chien aveugle enchaîné, nous roulons quelques kilomètres... nous nous regardons... le regard échangé suffit... je fais demi-tour et je fonce vers la fourrière. Nous le montons dans mon fourgon. Il ne se fait pas prier. Il a compris. Il fait nuit noire, il est autour de 19h00. Nous allons chercher de la paille chez la soeur de Lydie qui a des chevaux et nous installons notre Border Collie dans une petite maison en pierre sur le terrain de Lydie, car elle a 3 chiens chez elle dont un Berger Australien pas commode. Thomas et moi nous restons un bon moment avec lui. Nous lui avons fait un bon gros matelas de paille sur l'ensemble du sol de cette petite bergerie, il se roule dedans, il se détend... nous le caressons et nous lui donnons une bonne gamelle... un festin pour lui par rapport à la nourriture, tout ce qu'il y a de moins cher, de la fourrière. Nous hésitons entre Charlie et Diego. Ce sera Charlie... Je l'aime déjà.

Je rentre chez moi, à une bonne heure de route, je ne pense qu'à lui. Je vais le faire cohabiter, dans mon "jardin de derrière", avec deux chiennes de chasse récupérées en septembre 2009 et qui, faute d'être adoptées, la pension coûtant trop cher, ont atterri chez moi le 16 janvier 2010. Les débuts sont difficiles. Léna, la labrador noire, n'est pas facile et ces deux chiennes lui en feront voir de toutes les couleurs, allant jusqu'à uriner sur son matelas... je ne croyais pas les chiens capables de se faire ce genre de crasses...

J'amène Charlie chez un vétérinaire spécialiste en ophtalmologie à Rambouillet. Celui-ci détecte un glaucome aux deux yeux (forte tension oculaire). Il me dit que, chez le chien, c'est très douloureux : Charlie souffre d'atroces maux de tête... peut-être depuis 10 ans et demi... on débute immédiatement un traitement médical par collyres pour le soulager de ses souffrances. Les bienfaits de ce traitement sont rapidement constatés, permettant une réduction de la tension oculaire. Charlie est traité quotidiennement. Plus tard, je rencontre le docteur Attali-Soussay pour Garou et je lui amène Charlie. Elle lui fait une rétinographie sous anesthésie générale. Elle me confirme que les rétines de Charlie sont mortes et que l'on ne peut plus rien pour lui. Elle pense que Charlie est aveugle de naissance.

Charlie coule une vie tranquille, il connaît chaque recoin des deux jardins, il part d'un angle du jardin et court jusqu'à l'autre angle. C'est chouette de le voir courir, heureux ! Je fais bien attention à ne rien laisser traîner afin qu'il ne se cogne pas. Léna et Anouchka font un peu corps contre lui mais la relation s'améliore un peu au fil du temps. Je leur en veux de ne pas être sympa avec lui. J'essaye de passer un peu de temps avec lui tous les soirs avant de me coucher. Je lui mets la radio de temps en temps pour qu'il soit moins seul, lui, qui est plongé dans la nuit...

Début août 2013, Charlie a 13 ans, il est né en juillet 2000. Il perd progressivement l'appétit. Je l'amène à la clinique vétérinaire. Mon véto est en vacances. C'est sa collègue qui me reçoit. Celle-ci détecte un problème à la prostate. Nous faisons des examens. Une échographie... pas terrible : très probablement un cancer de la prostate... Charlie prend un traitement. Il va un peu mieux, mais, un soir, quinze jours plus tard, au moment de lui donner à manger, je le retrouve couché sous un buisson. Je l'appelle. Il relève sa bonne tête, mais elle retombe aussitôt. Il ne va pas bien. Il a de la fièvre, beaucoup de fièvre. Dans la journée, il n' allait pas trop mal pourtant...

Il est 20h00, nous sommes le 22 août, un jeudi. Je pars pour la clinique vétérinaire, qui est de garde ce soir-là... Quel soulagement. : c'est la véto qui l'a vu qui est de garde. Elle ausculte Charlie, elle est très inquiète. Je la regarde, je l'écoute, l'angoisse me gagne... Je vois ce pauvre Charlie qui est vraiment mal... moi aussi je vais mal... je sens que c'est la fin... la véto me parle, j'entends vaguement ce qu'elle me dit... nous allons refaire une échographie... elle est mauvaise : une énorme masse dans l'abdomen de Charlie, une masse qui n'était pas là il y a 15 jours quand nous avons fait le même examen. Charlie a un cancer de la prostate qui s'est généralisé... il souffre, nous échangeons pendant 20 mn et... nous décidons de tout arrêter... elle me laisse passer du temps avec lui... autant de temps que je veux, me dit-elle, elle est super gentille, je n'oublierai jamais... elle passe me voir de temps en temps et... alors qu'elle passe la tête par la porte pour la troisième ou la quatrième fois, je lui dis que l'on va le faire... que c'est dur... je suis effondrée et là, pendant que je vous raconte son histoire, je suis en larmes, j'ai du mal à respirer, c'est comme si j'y étais à nouveau... que c'est dur...

Mon Charlie, merveilleux chien, nous avons partagé un peu plus de deux ans et demi, tu as été un adorable compagnon, ta vie a été tellement dure, tellement, tellement dure... je suis heureuse d'en avoir adouci la fin...

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