L'HOMME ET SON CHIEN
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Vidéo retraçant le sort terrible des lévriers galgos en Espagne.
Chaque année, 50.000 de ces chiens meurent abandonnés ou torturés par leurs maîtres lorsqu'ils ne sont plus performants.
Cette vidéo est l'extrait d'un documentaire qui pour but de dénoncer les actes de cruauté dont souffrent ces animaux.
Attention ! Certaines images peuvent choquer la sensibilité des plus jeunes et celle des personnes non averties !
Vous vous sentez concerné par le triste destin réservé à ces lévriers galgos, n’hésitez pas à partager cette vidéo auprès de votre entourage, relations, amis et familles afin que le supplice imposé à ces animaux cessent
Dans l'enfer des Galgos :
https://www.facebook.com/video.php?v=618322518281224&set=vb.618250028288473&type=2&theater
DANS L'ENFER DES GALGOS....
En Espagne, le « calvaire » des lévriers
Le Monde Marc Bettinelli
Ces images de chiens attachés à un véhicule, forcés à le suivre
sur une vingtaine de kilomètres pour les entraîner à courir, seuls
trois députés espagnols ont pu les voir. Mercredi 12 mars, pas un
de plus n'est venu à la présentation organisée spécialement pour
les 350 membres du Congrès. C'est peu, très peu même, surtout
quand l'on sait le surprenant succès rencontré à travers le pays
avant ce rendez-vous avec ses représentants : 70 demandes de
projection en deux mois, organisées spontanément par des salles de cinéma de Barcelone, Madrid, Séville, ou Valence, et des
dizaines d'interviews pour Irene Blanquez, à l'initiative du projet.
D'ordinaire monteuse de films publicitaires, celle qui avec Febrero, el miedo de los galgos (« Février, la hantise des galgos ») signe son
premier documentaire est pourtant ravie d'avoir pu accéder aux décideurs politiques, accompagnée de militants associatifs et de
propositions pour enfin briser « le calvaire des lévriers espagnols », les galgos.
L'Espagne est l'un des seuls pays européens à autoriser, encore aujourd'hui, la chasse sans fusil. En 2004, l'Angleterre a finalement
décidé de bannir la chasse à courre de son territoire, pourtant vieille de quatre siècles. En France, si la vénerie attire encore quelques
milliers d'amateurs, une proposition de loi a été déposée en mai dernier pour la faire arrêter, et l'utilisation de lévriers est interdite depuis
1844.
L'Espagne se singularise par les modalités de sa pratique : dans les larges plaines caillouteuses de la moitié sud du pays, au cœur
des communautés autonomes de Madrid, de Castille-La Manche ou d'Andalousie, la chasse au lièvre prend la forme d'une course entre
chiens, lâchés dès qu'une proie apparaît à l'horizon. Selon Irene Blanquez, 190 000 chasseurs s'adonneraient encore aujourd'hui à un
exercice populaire toujours très ancré dans les zones rurales, où ceux qui élèvent et entraînent des chiens se souviennent l'avoir fait
« toute leur vie ».
DES MILLIERS DE CHIENS CONCERNÉS CHAQUE ANNÉE
Plus que la chasse elle-même, ce sont surtout ses
conséquences sur les chiens qui alertent les défenseurs
des animaux. Elevés en nombre par leurs propriétaires
« galgueros », surentraînés, ils seraient tués, trop
souvent torturés, et au mieux abandonnés dès lors que
leur charge prendrait le pas sur leur utilité. L'échéance
est rapide : un lévrier voit ses performances fondre dès
ses trois ou quatre ans. Elle peut être plus courte encore,
car la tradition se mêle aussi de l'« honneur » du
chasseur et refuse une victoire à un chien « sale », qui aurait rusé, empruntant virages et raccourcis pour faciliter sa tâche, ce qui ne
tarde pas à arriver lorsque celui-ci gagne en expérience. Pour laver cet « affront », les propriétaires sont accusés de déployer, sur les
chiens coupables, de barbares techniques de mise à mort. Sur les images filmées par ceux qui s'en émeuvent, des animaux
démembrés, lacérés, squelettiques.
« Miroir grossissant de comportements déviants », accusent les galgueros. « Je suis pourtant tombée dessus avec évidence durant
mes tournages, et mes interlocuteurs ne voyaient pas en quoi cela pouvait être problématique », se souvient Irene Blanquez. Chaque
année, des milliers de chiens seraient ainsi concernés. Pas moins de 50 000, avancent certaines associations. « Le phénomène est
difficile à quantifier », avoue la réalisatrice, « mais on sait par exemple que cette année, pour le seul mois de février, durant lequel se
termine la saison de chasse, plus de 3 000 chiens ont été sauvés », beaucoup dans un triste état de santé.
Oscar Hernandez Zarzuelo, président de la fédération de galgos de Castille-La Manche, récuse avec fermeté ces chiffres
« mensongers » et avance une autre théorie : « La grande majorité des chiens qui semblent abandonnés en Espagne sont le résultat
de vols », au détriment des galgueros, et destinés à alimenter un marché noir. M. Zarzuelo, qui dit représenter les pratiquants d'un
« sport qui réunit le plus de personnes après le football » dans sa région, et une activité « ancestrale » aujourd'hui très réglementée,
contre-attaque en mettant en cause l'intégrité des défenseurs des animaux : « Derrière les associations de protection des animaux, il
y a un important commerce d'adoption de galgos en Europe. » Brigitte Auloy, chargée de mission à l'international au sein de la
Fondation Brigitte-Bardot, qui intervient aujourd'hui dans une soixantaine de pays, conteste cette version des faits : « En fait, la
majorité des galgos abandonnés finissent en fourrière et sont euthanasiés. Ils ne font le négoce de personne. »
MINCE SOUTIEN POLITIQUE
Selon Mme Auloy, certaines campagnes espagnoles se caractériseraient par la prégnance d'une culture peu soucieuse du bien-être
animal, dont seraient victimes les lévriers. « A l'instar de la corrida, entre autres traditions locales, l'animal est encore trop souvent
considéré comme un divertissement, ou dans le cas des galgos, comme un outil de travail dont on se débarrasse facilement. Il faudrait
faire évoluer les mentalités », explique-t-elle. Irene Blanquez a les mêmes mots : une campagne nationale de sensibilisation serait
nécessaire. Or, aujourd'hui, si de nombreux bénévoles se mobilisent, « face à l'ampleur de la situation et avec le temps et l'argent dont
ils disposent, ils ne peuvent que répondre à l'urgence, c'est-à-dire soigner les animaux blessés et tenter de les faire adopter ».
Les soutiens politiques sont minces, dans un pays où même le roi s'affiche aisément en tenue de chasse, arme à la main et gibier
aux pieds, et où « la moitié des députés » partageraient cette passion, si l'on en croit Mme Blanquez. Et si le code pénal espagnol
prévoit bien jusqu'à un an d'emprisonnement en cas de maltraitance d'un animal domestique, dans une question à la Commission
européenne posée en 2011, des députés européens s'inquiétaient de constater que cela n'était « pas du tout mis en application en
Espagne, en tout cas pas lorsqu'il s'agit des galgos ». « Le bien-être des chiens n'est pas du ressort de l'UE, ce problème reste sous
la seule compétence des Etats membres », bottait alors en touche la Commission.
Michèle Striffler, députée européenne (UDI), confirme cette inertie des structures politiques espagnoles et européennes : « Les
chasseurs en Espagne sont très puissants et leur lobby a un poids qu'on n'imagine pas forcément. » En avril 2013, la député tente
d'interpeller de nouveau la Commission au sujet des « tortures infligées aux lévriers » en rédigeant une déclaration dénonçant le
non-respect par l'Espagne des textes européens relatifs à la protection animale. Las, malgré une mobilisation de militants derrière elle
pour presser ses collègues de la soutenir, celle-ci ne convaincra que 221 signataires sur les 766 possibles, une majorité étant
nécessaire pour transmettre l'initiative. « C'est affligeant. Les députés n'ont pas osé », se désole Mme Striffler, qui a décidé de se
rendre directement en Espagne en avril prochain pour essayer de faire entendre sa cause auprès des autorités locales.
PREMIÈRE CONDAMNATION EN 2013
En attendant plus vaste soutien, la défense des chiens de chasse espagnols est donc principalement le fait du monde associatif.
Espagnol, mais aussi, de façon surprenante, issu des pays voisins. Chaque année, la Fondation Brigitte-Bardot déclare dépenser
plusieurs milliers d'euros en frais vétérinaires pour soigner les animaux blessés, des sommes « encore bien insuffisantes ». Surtout,
plusieurs associations françaises, belges, ou allemandes, aident à l'adoption des rescapés. « Les Espagnols ouvrent des yeux
comme des soucoupes quand ils voient les galgos sur nos canapés. Pour eux, c'est une aberration de les avoir comme chiens de
compagnie. Et il est donc très difficile de les faire adopter sur place », explique Nelly Moullec, présidente de l'association Galgos
France, qui chaque année parvient à faire recueillir environ 250 chiens par des familles françaises.
Malgré la difficulté de la situation, les militants croient pourtant voir poindre quelques signes d'encouragement. A la fin de 2013, pour la
première fois, un chasseur a été condamné à sept mois de prison pour avoir pendu l'un de ses chiens. Plus encore, en Espagne, c'est
le travail de prise de conscience qui semble enfin démarrer. En février, le très célèbre présentateur de télévision Jorge Javier Vazquez
s'est joint au mouvement de protestation, dénonçant au milieu de son émission de divertissement le sort des galgos. « Il semble que
dans les cercles people avoir un lévrier devienne à la mode, note Irene Blanquez avec espoir. Les médias commencent à s'intéresser
un peu au sujet, et, en voyant le succès de mon documentaire, je crois que la société est surtout prête à changer cette situation. »