
L'HOMME ET SON CHIEN
BP 50044
28131 PIERRES CEDEX
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Les "usines à chiots", mouroirs canins de Jakarta
.


Généralement, on arrive à plusieurs activistes et bénévoles et on négocie
avec les propriétaires jusqu’à ce qu’ils acceptent qu’on récupère les chiens.
On prend des photos, on cite les lois qui réglementent la cruauté envers les
animaux, on les menace de revenir avec un avocat, de manifester. Ça peut
prendre des heures mais parfois ça marche. On n’implique pas la police
puisque qu’elle n’est pas du tout habituée à gérer ce genre de problèmes et
que ce n’est d’ailleurs pas du tout sa priorité. Mais on aimerait qu’à terme
elle collabore avec nous.
Les quatre opérations que nous avons menées ont été efficaces et, au
total, on a sauvé plus de 40 chiens. Il est arrivé qu’un propriétaire change
d’avis et nous harcèle pour récupérer ses animaux, mais quand ils
comprennent qu’on les a stérilisés et qu’ils ne peuvent plus se reproduire, ils
sont beaucoup moins ntéressés.
Les conditions de vie dans ces élevages sont innommables. Les chiens sont
soit retenus dans des cages, soit attachés à des arbres avec à peine de
quoi se mettre à l’abri. Ils sont sous-alimentés. Le dernier endroit où nous
sommes allés était un élevage de bulldog. Les propriétaires ne leur
donnaient qu’un peu de riz salé. Résultat, la plupart avaient perdu leurs
dents et développé toutes sortes de maladies pour lesquelles ils
n’étaient évidemment pas traités. Ils ont des problèmes de peau, sont
anémiés, attaqués par les tiques, certains sont même galeux. Et plusieurs
de ces maladies, comme la démodécie, ( développement cutanée de
parasites ) sont transmissibles aux chiots.

Sauver les chiens des élevages clandestins, c’est la mission que s’est
donnée un groupe de défenseurs des droits des animaux de Jakarta, la
capitale indonésienne. Grâce au signalement du voisinage, ils localisent les
arrière-cours où est organisée la reproduction de chiens de race, dans des
conditions atroces, en dehors de toutes règles d’hygiène et tentent de les en
extirper.
" Les femelles se font injecter tout un tas d'hormones pour être aussi fertiles que possible "
Karin Franken est co-fondatrice de l’ONG Jakarta Animal Aid Network
(JAAN). Elle vit en Indonésie depuis une vongtaine d'années et dirige une
clinique vétérinaire à Jakartade
Les éleveurs de chiens existent depuis longtemps ici, mais depuis un an et
demi, le nombre d’élevages clandestins où les conditions sont effroyables a
monté en flèche. Cette augmentation est liée à la hausse de la demande de
chiens de race dans le pays. Les chihuahua, les bulldog ou encore les shih
tzu sont perçus comme un marqueur social et beaucoup se sont dits qu’il y
avait de l’argent à se faire dans le secteur. Certains se sont lancés du jour au
lendemain et ont installé un élevage dans leur cour.
Des bulldogs dans un élevage clandestin. All photos courtesy of Jakar Animal Action Network.
Un chien sauvé d'un élevage clandestion
“Les propriétaires ne leur donnaient qu’un peu de riz salé”
LES USINES A CHIOTS, MOUROIRS CANINS DE JAKARTA
Un autre chien sauvé d'un élevage clandestion

Un bulldog opéré pour des abcès.
Les femelles se font injecter tout un tas d’hormones pour être aussi fertiles
que possible et beaucoup développent des kystes. Il y a aussi les
conséquences à long terme. Les shih tzu ont par exemple des yeux très
fragiles et étant données les conditions de vie dans ces élevages, ils
perdent souvent l’usage d’un œil ou même des deux yeux. Et bien
souvent, les propriétaires les jettent dehors dès qu’ils ne sont plus fertiles.
Comme ce sont des chiens de race, on trouve généralement des
personnes qui veulent les adopter. Mais on se doit d’étudier en détail leurs
profil pour que l’animal ne finisse pas négligé par un propriétaire qui voulait
un chien uniquement comme accessoire.
Ils ne sont pas agressifs mais recherchent la compagnie

Dans la clinique que je dirige, je vois beaucoup de chiots nés dans ces
élevages. Les gens les achètent en général par l’intermédiaire d’une
animalerie et ne réalisent pas qu’ils
sont déjà malades.Ces usines à chiots n’existent pas uniquement en
Indonésie, on en voit dans le monde entier. Mais en Indonésie, le phénomène
est encore plus difficile à endiguer car c’est un pays pauvre et où les droits
des animaux ne sont pas respectés. Mais nous allons dans le bon sens.
Les Indonésiens sont de plus en plus sensibles à ces questions. Par
exemple, les singes dansants ont été interdits l’année dernière à Jakarta. On
doit juste être patients.
On pourrait penser que ces animaux qui ont été si maltraités sont difficiles.
Mais ils le sont beaucoup moins que les chiens qui ont été battus. Les
chiens de ces “usines à chiots” eux recherchent la compagnie. Ils sont
câlins et curieux de ce qu’il se passe autour d’eux. Certains n’avaient
jamais couru dans un jardin avant qu’on les recueille !
Un bénévole de JAAN avec un chien récupéré dans un élevage et candidat à l’adoption.